Réalisason n°72 - Mars - Avril - 2013 -
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R-Son : En quoi le métier pourrait-il changer ?
Laurent Péru :
Un centre de traduction est aujourd’hui
conçu sur deux modèles : une installation fixe, résidente, un
espace de conférence ou se retrouvent des conférenciers,
ou une installation mobile, qui s’installe temporairement
sur un site où se trouvent des conférenciers. Dans les deux
cas, il y a nécessité d’une unité de lieu. Demain, il est pos-
sible d’envisager une installation fixe au service de confé-
rences distantes. Cela change tout : pour les interprètes,
pour les prestataires qui les emploient et pour les fournis-
seurs, tels que nous, qui les équipons.
R-Son : Quel est l’échéance de cette évolution ?
Laurent Péru :
Quelques années dénombrables avec les
doigts d’une seule main au maximum. Cinq ans c’est très
long en termes technologiques, certes, mais il faut ajou-
ter l’évolution propre aux acteurs et à l’économie des do-
maines concernés pour provoquer le changement. Nous
en sommes encore à un stade de veille et de prospective,
pas à celui de choix stratégiques (dont personne ne peut
aujourd’hui définir les options et les possibles) mais notre
rôle de dirigeants est d’avoir, toujours, un temps d’avance
dans la réflexion stratégique et économique. C’est la seule
condition pour ne pas risquer de rater un stade de l’évolu-
tion et prendre le risque d’être avalés par une grosse struc-
ture suite à des difficultés d’adaptation, ou de voir une
entité plus jeune, plus petite mais mieux adaptée s’emparer
du marché.
R-Son : Quel est l’enjeu pour les entreprises de votre do-
maine ? Devenir des centres de traduction à part entière ?
Laurent Péru:
Il est bien trop tôt pour prédire quoi que ce
soit, mais une chose est sûre : il faudra une adaptation des
opérateurs de traduction. Notre rôle n’est pas de faire leur
métier mais de les accompagner vers les bonnes options
technologiques et de leur ouvrir les possibilités de dévelop-
per de nouveaux marchés.
Des marchés très élargis en l’occurrence dont nous pour-
rons tous profiter. Nombre de gens, aujourd’hui, ne font pas
appel à la traduction en raison d’une logistique lourde à
déplacer... pourtant les besoins sont énormes.
J’en veux pour seul exemple les directives commerciales et
marketing de grands groupes diffusées en anglais au cours
de grands shows à des cadres de multiples nationalités.
Elles ne sont pas toujours comprises à 100% et sont, par
conséquent, la source d’une information partielle qui sera
finalement délivrée aux équipes commerciales de terrain
et, par elles, à la clientèle finale. La traduction simultanée
simple pourrait ouvrir un échange initial traduit en langues
maternelles, véritable valeur ajoutée de la communication
interne.
Déjà, certains cabinets proposent de nouveaux services : ils
ont une cabine aménagée dans leurs locaux où un inter-
prète reçoit la conférence en streaming. La traduction est
enregistrée et rebasculée sur Internet. Cela ne se fait pas
encore en temps réel, mais c’est un premier pas de traduc-
tion orale décentralisée, sans déplacement d’interprète, ni
installation d’une cabine et de l’audio pour celle-ci.
Pour l’heure, Laurent Péru et son équipe s’emploient à
rajeunir leur parc de matériels et réfléchissent à l’avenir de
leur marché avec leurs principaux partenaires des cabinets
de traduction. Ce qui pourrait être pour Proson le début de
l’âge III...
Les trois âges de Proson
Pourquoi l’âge III de Proson est-il annoncé avec
l’arrivée de Laurent péru aux commandes ?
La question mérite d’être posée par le profane
et mérite explication des observateurs que nous
sommes.
L
’âge I fut celui de la création, en 1985, par Guy Char-
donnereau , un entrepreneur tout droit issu de l’enca-
drement de chez Sennheiser. Ayant détecté un besoin
quand il était chez le fabricant, il s’était de suite spécialisé
sur le métier naissant de la location de micros HF et s’était
trouvé une importante clientèle auprès des diffuseurs de
télévision.
L’âge II fut plus progressif à s’imposer. Si Proson avait
acquis un peu de matériel de traduction, c’était au début,
pour soutenir une jeune entreprise qui s’était créée dans ce
domaine. Guy Chardonnereau leur apporta, en acquérant
lui-même le matériel et en leur louant, un soutien décisif.
Mais l’entreprise en question décida un jour de voler de ses
propres ailes et de s’équiper de son propre parc, en laissant
à Proson un stock soudain sans débouchés. Pour pallier à
ce coup du sort, Guy alla chercher l’un des piliers, devenu
libre, de l’entreprise en question pour organiser son propre
réseau de clientèle dans le domaine de la traduction. Cyrille
Rebours fut l’homme en question et, s’il fallut cependant
cinq à six années pour rentabiliser le département, le suc-
cès s’ensuivit si pleinement qu’il fut décidé peu à peu de
miser plus largement sur ce métier .
Quant à l’âge III, il reste à écrire... mais la détermination de
Laurent Péru, celui qui est désormais en charge de le faire
est incontestable. Il nous a brossé, au cours de notre entre-
tien, quelques contours de ce que cet âge pourrait être,
mais comme la divination n’est pas plus notre métier que
le sien, il nous a donné rendez-vous dans quelques mois
ou quelques années pour venir vous le décrire. Gageons,
à l’aune de son enthousiasme et de sa détermination, qu’il
sera placé sous le signe de l’innovation et qu’il renouera
avec l’esprit précurseur du fondateur de Proson.
Dernière minute : nous apprenons que Proson relance le
département qui fut à l’origine de son histoire (âge I) et
vient d’investir dans 16 liaisons HF SKM5200 avec de récep-
teurs EM 3732 de Sennheiser…un retour vers le futur en
quelque sorte !
prestation en extérieur
traduction numérique
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